Outre l’or, la Russie mise sur le yuan pour diversifier ses réserves
Selon le rapport de la Banque Centrale de Russie publié début juillet dernier, 20% des réserves officielles russes sont composées de yuans et d’or.
La Banque Centrale de Russie a augmenté la part de la monnaie chinoise dans ses réserves officielles, en diversifiant les avoirs traditionnels des actifs au détriment du dollar américain. Rappelons qu’en avril dernier, la Russie s’est séparée de la moitié de ses obligations du Trésor américain, d’une valeur de 47,5 milliards de dollars, et laissant dans ses réserves 48,7 milliards de dollars. L’un des principaux bénéficiaires de cette stratégie de diversification a été le yuan chinois, qui a atteint 2,8% des réserves russes au dernier trimestre 2017, contre 1% au troisième trimestre de cette même année. Ainsi, la monnaie chinoise, joint aux avoirs en or de l’époque, qui représentaient 17,2% des réserves, correspondaient à un cinquième des réserves totales de la Russie.
La Russie achète plus d’actifs en yuans que les autres banques centrales du monde. Avec des achats de près de 12 milliards de dollars au premier semestre 2018, la Banque Centrale de Russie a augmenté ses avoirs en yuans au-dessus des 1,4% que représente le poids de la devise chinoise dans le monde. Le yuan est devenu l’un des actifs les plus recherchés par la Russie depuis l’introduction des sanctions contre le pays en 2014, menées par les États-Unis et ses alliés occidentaux, à cause de l’annexion de la Crimée par la Russie.
Depuis lors, la Russie a resserré ses liens avec la Chine en signant des accords d’échange de yuans et de roubles et en augmentant les traités bilatéraux entre les deux pays concernant leurs monnaies nationales respectives, en écartant le dollar de l’équation.
S’il est vrai que la majorité des actifs de la Banque de Russie sont encore constitués de dollars, il est également vrai que le rôle du dollar diminue progressivement. La part du dollar dans les réserves russes s’élevait à 45,8% au quatrième trimestre 2017, contre 46,5% les trois mois précédents. L’augmentation de la part des actifs en yuans, bien que relativement faible, reflète les intentions de la Russie de se diversifier loin des principales devises. Mais nous ne devons pas perdre de vue la force du dollar dans le commerce international et il ne sera pas facile pour la Russie de réduire significativement la part du dollar dans ses réserves car il reste l’une des devises les plus liquides et comme on a vu en Iran, cela n’est pas si facile d’essayer de dé-dollariser complètement.
Les sanctions imposées à la Russie poussent le pays à enregistrer un record sur les achats d’or en 2018
Les sanctions contre la Russie ont eu un effet secondaire sur les réserves de la banque centrale du pays. Avec le ferme appui du président Vladimir Poutine, la Banque Centrale de Russie a fortement misé sur l’or, en effectuant des achats réguliers au cours de la dernière décennie. La raison de cet intérêt pour l’or n’est autre que les sanctions imposées aux entités russes, et qui ont été accentuées depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.
En 2018, les achats d’or de la Russie ont encore augmenté, tandis que les avoirs en dollars américains ont vu leur solde diminuer jusqu’à être pratiquement inexistants. Ainsi, au cours de l’année écoulée, la Banque Centrale de Russie a acheté 8,8 millions d’onces d’or, dépassant ainsi le record de 7,2 millions d’onces établi en 2017. La Russie occupe ainsi la cinquième place parmi les pays qui détiennent le plus d’or dans leurs réserves, derrière les États-Unis, l’Allemagne, la France et l’Italie. La Chine se situe au sixième rang, juste après la Russie.
Les sources du secteur conviennent également que l’une des raisons pour lesquelles la Banque Centrale de Russie parie sur l’or est due aux sanctions américaines, car l’or ne peut être ni gelé ni inclus sur une liste noire. En mai dernier, en se focalisant sur cette idée, le président Poutine a déclaré que le monopole du dollar américain n’était pas assez fiable, ajoutant que cette situation était dangereuse pour beaucoup.
La stratégie russe comprend l’achat de la production nationale d’or à des banques commerciales, bien que le volume exact des achats d’or reste un secret d’État. Ainsi, alors que la Banque Centrale de Russie achète une part importante de la production de l’or russe, l’industrie minière aurifère du pays est également encouragée à augmenter sa production, bien que son rythme soit inférieur à celui des achats d’or totaux de la Russie.